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Actualités Acheter son cabinet : un choix intéressant… mais à titre perso, pro, en SCI ?

Acheter son cabinet : un choix intéressant… mais à titre perso, pro, en SCI ?

L’obligation de détention d’un cabinet professionnel est souvent vécue comme une charge. Mais acheter son cabinet peut aussi s’avérer être un choix intéressant. L’Angiil fait le point…

La location de son local professionnel présente nombres d’avantages… mais aussi d’inconvénients. Aussi, nombre de soignants libéraux préfèrent acheter leur cabinet. Mais une telle acquisition nécessite une analyse approfondie de votre situation afin d’optimiser au mieux l’opération. En effet, selon le schéma d’achat choisi (en perso, en pro, en SCI), les conséquences personnelles, fiscales et patrimoniales ne seront pas les mêmes…

Acheter son cabinet : un choix intéressant…

Acquérir un local pour y installer son cabinet présente de nombreux avantages :

  • stabilité de l’exercice : l’achat met, en effet, à l’abri d’un certain nombre d’événements indésirables. Parmi eux : un non-renouvellement de bail, une réévaluation de loyer, la reprise pure et simple de votre local par le propriétaire… et, même, l’obligation de se recréer une patientèle en cas de déménagement un peu lointain
  • constitution d’un patrimoine : en achetant, vous ne payez pas de loyer, mais vous remboursez un crédit. Vous devenez donc propriétaire. Or, être propriétaire permet de compléter votre future retraite via la location ou la revente de votre local. Vous pouvez également transmettre un actif immobilier à vos enfants
  • meilleure gestion de l’activité : un loyer professionnel est, généralement, indexé sur l’indice des loyers des activités tertiaires (ILAT). Or, exception faite de l’année 2020 (Covid oblige !), cet indice augmente depuis plus de 10 ans de façon irrégulière. Ce qui engendre une certaine insécurité quant au montant du loyer que vous aurez à payer d’un an sur l’autre. A contrario, les mensualités de remboursement de prêt sont généralement fixes sur la durée du crédit : ce qui donne, de facto, une meilleure prévisibilité financière
  • possibilité de réaliser des économies : propriétaire, vous avez le droit de faire ce que vous voulez chez vous ! Y compris des travaux de rénovation énergétique… qui vous permettront, par la suite de réaliser des économies de coût de fonctionnement

Enfin, acquérir votre cabinet peut se révéler une excellente opération fiscale. Ainsi selon l’option d’achat choisie, vous pourrez déduire vos intérêts d’emprunt, ainsi que l’amortissement du bien de vos bénéfices imposables (cf. tableau ci-dessous).

… qu’il convient de mûrir…

Reste que le local que vous souhaitez acheter devra pouvoir légalement accueillir un cabinet libéral. Du coup, si le local :

  • se situe dans une copropriété, vous devez vous assurer que le règlement autorise l’exercice d’une activité professionnelle. A défaut, vous devrez obtenir cette autorisation auprès de l’assemblée générale des co-propriétaires
  • est initialement prévu à usage d’habitation, vous devez obtenir sa transformation, même partielle, en logement à usage professionnel. Or, ceci implique de suivre un certain nombre de procédures. Parmi elles : l’obtention d’autorisation d’urbanisme et/ou d’usage auprès de la mairie, la déclaration de la transformation aux impôts…

De surcroît, votre futur cabinet doit également être :

  • bien placé : facilité d’accès, possibilité de parking, proximité de la concurrence…
  • adapté à votre exercice ou pouvant l’être après travaux. Il est ainsi nécessaire que les locaux respectent les règles de confidentialité, les conditions d’accueil et les normes d’hygiène indispensables à la bonne exécution des soins (droit d’apposer votre plaque professionnelle sur la façade de l’immeuble ou de la maison ; pièce réservée aux soins, dotée d’au moins un lavabo ; pièce spécifique pour la salle d’attente ; présence de toilettes… )
  • accessible à tous les patients, handicapés compris : cheminement extérieur, conditions d’accès, circulation à l’intérieur du bâtiment…
  • sûr pour vos patients. Les normes en vigueur en termes de sécurité incendie devront donc être respectées : présence d’un équipement de système d’alarme incendie, de dégagements, éventuellement d’une colonne sèche…

Concrétiser votre projet d’achat nécessitera, ensuite, de préparer un dossier de financement solide qui tiendra compte de l’ensemble des coûts : prix d’acquisition, droits et frais (notaire, publicité foncière…), éventuels travaux… Le coût total devra, ensuite, être compatible avec votre capacité financière. Il vous reviendra, enfin, de choisir votre type de crédit immobilier : à taux fixe ou variable.

Quel schéma d’achat : à titre perso, pro, en SCI ?

Le plus compliqué reste cependant encore à venir : le choix de votre schéma d’achat. En effet, trois grandes possibilités s’offrent à vous :

  • l’achat à titre personnel, avec ou non, loyer à payer à vous-même
  • l’achat via votre entreprise
  • et, enfin, l’achat en SCI.

Afin de faciliter votre choix, l’Angiil résume dans le tableau ci-dessous les principaux avantages et inconvénients de chacune de ces formules. Ainsi que vous le verrez, pas de miracle ! Chaque cas de figure présente des aspects positifs et négatifs. De surcroît, tout dépend de la valeur du local et de votre situation personnelle (âge au moment de l’achat, présence d’époux/épouse, enfants, associé(s)…).

Principaux avantages et inconvénients des différents schémas d’achat

Avantages Inconvénients
Achat à titre personnel sans loyer à soi-même
  • Simplicité de gestion
  • En cas d’arrêt de l’activité, possibilité de garder le bien pour générer des revenus fonciers
  • Déduction des charges d’utilisation dans la déclaration BNC 2035 : ce qui entraîne réduction du bénéfice et, donc, réduction des cotisations sociales
  • Frais de notaire et amortissement du local non-déductibles
  • En cas de revente, imposition en tant que plus-value immobilière avec abattement possible. Pour info, le régime des plus-values des particuliers (taux d’impôt à 19% et taux de cotisation sociale à 17,2%) est généralement plus avantageux que celui des plus-values professionnelles
Achat à titre personnel avec loyer à soi-même
  • Simplicité de gestion
  • Déduction du loyer et des charges d’utilisation dans la déclaration BNC 2035 : ce qui entraîne réduction du bénéfice et, donc, réduction des cotisations sociales
  • Etablissement d’une déclaration de revenus fonciers n°2044 avec possibilité de déduire les intérêts du crédit immobilier (si choix de ne pas opter pour le régime du micro-foncier)
  • Possibilité d’opter pour le régime du micro-foncier pour un encaissement < 15 000 € de loyer annuel
  • En cas d’arrêt de l’activité, possibilité de garder le bien pour générer des revenus fonciers
  • Nécessité de rédiger un bail à soi-même entre le propriétaire (personne privée) et le professionnel. Il faut également décaisser effectivement et régulièrement le loyer du compte à usage professionnel vers le compte personnel, puis le comptabiliser
  • Réintégration du montant du revenu foncier net issu de la déclaration n°2044 dans la déclaration de revenu n°2042 (taxable à l’impôt sur le revenu et à la CSG)
  • Frais de notaire et amortissement du local non-déductibles
  • En cas de revente, imposition en tant que plus-value immobilière avec abattement possible. Pour info, le régime des plus-values des particuliers (taux d’impôt à 19% et taux de cotisation sociale à 17,2%) est généralement plus avantageux que celui des plus-values professionnelles
Acquisition au titre de votre entreprise
  • Simplicité de gestion
  • Possibilité plus grande d’obtention de prêt bancaire
  • Inscription du bien au registre des immobilisations dans la déclaration BNC n°2035
  • Intérêts du crédit immobilier et amortissements déductibles du résultat de l’entreprise : ce qui entraîne réduction du bénéfice, et, donc, réduction des cotisations sociales
  • Bien saisissable par les créanciers professionnels
  • Complexifie la cession d’activité puisqu’augmente la valeur de l’entreprise
  • En cas d’activité en entreprise individuelle : en cas de revente, imposition au titre des plus-values professionnelles avec exonération éventuelle. Pour info : le régime des plus-values professionnelles est en principe plus onéreux que celui dont bénéficient les particuliers, sauf à bénéficier de l’un des régimes d’exonération prévus pour les entreprises. En effet le coût de sortie d’un actif professionnel est important en raison de la soumission de la plus-value à court terme (à hauteur des amortissements fiscalement déduits) au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Attention aussi à la soumission des plus-values à court terme aux cotisations sociales et CSG/CRDS (sans exonération possible)
  • En cas d’activité en société (SEL, SCP) : plus-value immobilière professionnelle sans exonération possible
Achat en SCI
  • Permet la séparation des différents patrimoines (perso, activité professionnelle, immobilier professionnel)
  • Déduction du loyer et des charges (utilisation) dans la déclaration BNC 2035 : ce qui entraîne réduction du bénéfice et, donc, réduction des cotisations sociales
  • Transmission aisée des parts sociales lors d’une succession
  • En cas de SCI soumise à l’impôt sur les sociétés : imposition de l’associé personne physique seulement en cas de distribution de dividendes
  • Lourdeur des procédures administratives
  • Obligation de tenir une comptabilité spécifique à la SCI
  • En cas de SCI soumise à l’impôt sur le revenu : imposition de l’associé personne physique via la catégorie « revenus fonciers » de la déclaration de revenus 2042 (possibilité toutefois de déduire les intérêts d’emprunt, frais de gestion, taxe foncière des revenus fonciers) ; en cas de revente du bien ou de parts, imposition de l’associé personne physique en tant que plus-value immobilière
  • En cas de SCI soumise à l’impôt sur les sociétés : en cas de cession de parts, imposition de l’associé personne physique sur les plus-values mobilières

 

Le cabinet ? Une obligation pour la plupart des soignants libéraux…

Habitués des tournées au domicile des patients, ou œuvrant au sein d’Ehpad, les soignants libéraux ne voient pas toujours l’intérêt du local professionnel. Et pourtant…  Disposer d’un cabinet est obligatoire selon le Code de Santé Publique pour :

Par contre, selon la Loi, les sages-femmes doivent seulement disposer « d’une installation convenable et de moyens techniques suffisants » pour exercer leur art, sans davantage de précisions. Tandis que les diététiciens, psychologues, ergothérapeutes et autres professions de santé réglementées ou non-réglementées n’ont aucune consigne en la matière.

 

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